les trois ordres
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les trois ordres

l'humain, composé organique hautement improbable de corps, de pensée et d'âme
 
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 immanence et transcendance, nos deux jambes pour avancer

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MessageSujet: immanence et transcendance, nos deux jambes pour avancer   immanence et transcendance, nos deux jambes pour avancer Icon_minitimeSam 27 Nov - 12:27

Il m’apparaît aujourd’hui fondamental de ranger les trois ordres de Pascal avec ce qu’ils contiennent de part et d’autre d’une frontière qui court en arrière fond du débat philosophique, et qui, à mon humble avis, doit passer sur le devant de la scène… ce qui revient à classer le réel non plus selon 3 mais selon 2 ordres.
Le philosophe ou l’humain, assis sur cette frontière, voit se dérouler, des deux côtés, les deux dimensions de sa vie, l’immanence et la transcendance, l’horizontale et la verticale, l’en deçà et l’au-delà, l’indifférence et l’amour, pour reprendre un vocabulaire classique.
Dali, à l’occasion d’une visite dont il nous fit l’honneur alors que j’étais étudiant à l’école Polytechnique, n’en finissait pas de rouler les RRRRRRR et les AAAAALE, prenant son élan sur « l’horizontale », rebondissant sur « la verticale » et s’épanouissant sur le ou la transcendantal(e). Tout cela donnait à son propos des allures surréalistes un peu convenues et, j’étais d’autant moins touché par la grâce que, à cette époque, je me laissais aller (ou revenir selon le point de vue). Maintenant je mesure à quel point, malgré l’outrance de ses roulements, son propos était pertinent : il pointait très précisément la ligne de partage des humains, il révélait le contenu du fameux et nébuleux « y » dans lequel s’enlisent la plupart de nos discussions avec les « j’y crois » et les « j’y crois pas ». Ce « y » n’est pas tant dieu, et encore moins dogme, que ce si joli « trrranscendentâââl » dont Dali faisait résonner l’amphi.
J’en veux pour preuve les approximations et, donc, les incompréhensions entre les interprétations des trois ordres et plus, généralement entre les visions du monde, auxquelles mène inéluctablement la non prise en compte de cette frontière, sur laquelle se livre tout combat (ou débat ?!) philosophique.
Hier encore, à l’occasion de la biennale internationale du design à Saint Etienne, j’entendais un des pontes du Design déclarer que, avec la « téléportation », la transcendance retombait dans l’immanence. Son autorité en matière de Design ne lui confère pas le privilège de décider une telle chose, et il aurait pu, plus modestement et plus honnêtement, dire qu’il ne croyait pas en la transcendance ! Pascal lui-même (il est vrai que le design n’était pas encore inventé !) parlait de pari et non de déduction rationnelle ! Mais mon propos n’est pas de faire un procès aux designers ! Je veux simplement montrer combien cette ligne de partage, non des eaux mais des philosophies, est pertinente et présente au quotidien !
1. Définition de la frontière « immanence/transcendance » :
J’ai conscience de me lancer là dans une entreprise très hasardeuse étant donné le nombre de définitions déjà données à ces termes, le nombre de livres écrits sur ce thème, le nombre de têtes pensantes blanchies sur cet ouvrage. Mais, fort de mes 65 ans de vie et de philosophie, je m’arroge le droit de faire « comme tant d’autres » et de risquer une définition.
Je le fais à partir de mon expérience de catholique pendant 55 ans et de disciple de Jankélévitch pendant 10 ans, mais en me détachant de ces expériences pour n’en retenir que ce que mon esprit en a « digéré ».
Je veux rester simple en évitant le simplisme. Il s’agit de ne pas « faire original » : je me méfie des formules trop paradoxales, trop belles pour être vraies, comme j’en trouve dans Wikipédia où je peux lire dans la définition de l’immanence : « un principe métaphysique immanent… ». Il est vrai que le choc des deux mots rend la formule jolie, mais je ne fais pas dans l’esthétisme ! Mon but n’est pas de brouiller les pistes pour me donner des airs (comme Dali quand il rrrroulait les siens et qu’il nous éloignait du vrai message qu’il prétendait nous livrer !).
Le physique désigne aussi bien ce qui est perçu des choses et des êtres et de leurs interactions (1er ordre) que la science qui étudie les relations nécessaires, éternelles et universelles qui régissent ces êtres et ces interactions (2ème ordre). Dès lors « métaphysique » et « transcendance » désignent l’une et l’autre quelque chose qui n’est pas une chose ni un être, qui n’est pas non plus une nécessité éternelle et universelle, objet d’étude scientifique, quelque chose qui est « trans » ou « méta », c’est-à-dire étymologiquement qui nous fait franchir une barrière, une frontière, la fameuse frontière dont nous parlons.
L’immanent désignera naturellement ce qui est « en deçà », à l’intérieur de cette frontière, et le transcendant, ce qui est « au-delà », à l’extérieur.
J’ai employé le terme « naturellement » car une autre façon classique de situer la frontière, à la suite de Pascal et de beaucoup d’autres dont Jankélévitch, est de parler de ce qui est naturel (1er ordre celui de la nature et 2ème ordre celui de la pensée qui est aussi un fruit de la nature) et de ce qui est surnaturel.
Je peux aussi reprendre les termes classiques, mis en musique par Dali comme je l’écrivais plus haut, d’horizontale qui désigne notre espace-temps dans lequel nos corps se déplacent et notre pensée s’exerce, et de verticale qui nous élève instantanément et intuitivement hors temps, hors pensée, hors forme, hors morale, hors toute chose et toute raison, vers cet anhypothétique et cet inconditionnel absolu qui n’est posé par rien et qui pose tout en se posant lui-même ! Comprenne qui pourra… ou plutôt celui qui voudra bien !
Mais le terme le plus répandu pour désigner la transcendance, celui qui parle au cœur de tout humain, sous toutes les latitudes et toutes les cultures, à toutes les époques, c’est le mot « amour », avec, son vis-à-vis, l’indifférence, celle qui règne dans la jungle de l’immanence, du « chacun pour soi » et de la loi du plus fort !
2. Rangement des trois ordres selon cette ligne
Avec cette définition simple, n’utilisant que des mots simples, il devient assez simple de classer les trois ordres de Pascal, les 2 premiers, celui du corps et celui de la pensée, dans l’immanence et le 3ème, celui de la charité et du divin, dans la transcendance.
Mais alors où situer l’âme ? Encore une fois l’humain est assis sur la ligne effilée de cette frontière, tellement enthousiasmante que les disciples de Jésus veulent s’y « installer, mais tellement inconfortable que Jésus s’amuse de leur demande et les renvoie derechef « ici-bas » dans « l’en deçà ». L’âme est, en plein naturalité, notre sur-naturalité, notre capacité à aimer, à nous élever dans l’intuition et dans l’intention jusqu’à l’union mystique avec l’acte créateur pour être co-créateurs, … l’espace de l’extrémité extrême et inexistante d’une pointe superfine, le temps de l’instant instantané et inexistant d’une tangence subtilissime ! Il y faut évidemment « l’esprit de finesse » dont parle Pascal.
Je note le succès légitime de la croix comme symbole de cette souffrance humaine qui est la nôtre, de cet écartèlement entre le tout ou rien et les compromis, entre l’absolu de l’amour et le réalisme de la gravité qui grève nos intentions les plus pures ! Comment donner sa vie à longueur de journée sans la perdre une fois pour toutes ? Ou, pour citer Jankélévitch, « comment faire tenir le maximum d’amour dans le minimum d’être » ?
C’est pourtant ici, dans l’atmosphère irrespirable de ce sommet où nous manquons d’oxygène, que se joue notre destinée d’humains. Le conseil, donné par tous les sages, de « veiller », de ne pas nous endormir, d’être des veilleurs, des guetteurs d’aurore, n’est ici qu’un conseil de simple bon sens ! Comment en effet rester en équilibre sur cette arête entre l’immanence et la transcendance sans être éveillés ? Comment ne pas comprendre que la moindre seconde d’inattention entraînera fatalement notre chute du côté où nous penchons, soit dans l’angélisme le plus hypocrite soit dans le cynisme le plus bestial ? Je dis bien du côté où nous penchons, et non d’un côté ou d’un autre. Nous savons trop bien que faire l’ange ou faire le chien, c’est toujours faire la bête ! Et, en effet, nous ne pouvons tomber que du coté de notre ventre, de notre intérêt, de notre narcissisme, de notre gloire personnelle, bref de notre pesanteur, et en aucun cas du côté de la transcendance, car « nul ne peut voir dieu sans mourir » !
3. Quel intérêt de considérer cette frontière ?
Cette attention portée avec tous les sages permet de débusquer la malhonnêteté, la nôtre comme celle de ceux qui ont le pouvoir et qui, ma foi, s’en accommodent très bien (je ne précise pas quel genre de pouvoir, tous les pouvoirs étant cousins) ! Le fait que nous nous accommodions très bien d’une situation, même dramatique, signifie que notre position est confortable, que nous sommes tombés du côté où nous penchons, autrement dit du côté de nos penchants : nous avons fait taire nos scrupules « transcendantaux », et n’avons plus que le soucis de bien jouer comme les acteurs d’une comédie : dans le meilleur des cas, notre salaire est notre ego, surdimensionné par quelque raison d’Etat (à propos et heureusement, le Vatican est un Etat) !
Je citerais encore Jankélévitch : « On peut, après tout, vivre sans … philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien. ». Encore faut-il s’entendre sur le sens du « vivre bien » dont il parle. Il ne s’agit évidemment pas de s’entourer de confort, de cynisme, de domination, de gloire humaine, de richesses, de certitudes, de raisons, etc. bref d’aucune de ces choses qui nous font envie, qui s’étalent à l’horizontale et nous invitent à nous y vautrer, comme dans le bonheur… celui dont on parle quand on dit d’un suicidé « qu’il avait tout pour être heureux » ! Tous, le plus souvent, nous tournons le dos à l’amour, mais il nous arrive de « nous rattraper » et de nous élancer un instant vers le sommet… Ou alors, ce sont des relents de culpabilité qui nous rattrapent et s’expriment extérieurement comme des symptômes, sous formes de tics, de tocs, d’actes manqués, de dérapages. Malgré nous, par dessus notre maîtrise apparente et étudiée, sous nos dehors très « comme il faut », bat encore un cœur humain capable de transcendance, d’amour.
Quelle humanité inhumaine nous pousse ainsi à choisir une situation inconfortable pour « vivre mieux ».
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MessageSujet: 1er pas: conscience donc immanence/transcendance   immanence et transcendance, nos deux jambes pour avancer Icon_minitimeLun 13 Déc - 14:14

l'avènement de la conscience est celui d'un questionnement, d'un étonnement, donc d'une séparation entre "ce qui va de soi" et "ce qui pose question", "ce qui est immanent" et "ce qui est transcendant".

Est transcendant ce qui est "trans", "au delà", sous-entendu de la frontière de l'humain; est immanent ce qui est à l'intérieur de cette frontière, dans l' "en deçà" ou l' "ici-bas".

A propos de cette frontière, une idée est présente dans de nombreux ouvrages philosophiques: le franchissement de ce Rubicon se fait "d'un coup", soudainement (Platon Banquet, 210 e. Parménide, 156 d). En cela, il diffère des déplacements, évolutions, transformations, progressions, augmentations ou diminutions, toutes modifications qui sont immanentes, parce qu'elles ont lieu à l'intérieur de la frontière sous l'effet de forces plus ou moins connues. G. Belot (Vocabulaire technique et critique de la philosophie) fait remarquer que, "toujours, une réalité est transcendante par rapport à une autre quand elle réunit les deux caractères, 1° de lui être supérieure... 2° de ne pouvoir être atteinte par un mouvement continu." "Les négations de la philosophie... ne préparent pas à proprement parler un saut ultime qui est toujours "en plus", mais elles... disposent l'esprit à la conversion subite qui seule lui permettra le franchissement du dernier infini bâillant entre l'ordre des épithètes et le "tout autre ordre" de la "thèse".(Jankélévitch Philosophie Première Ch.VI Par.6).

1ère remarque: De tout temps, cette frontière est brouillée par une autre frontière avec laquelle elle interfère, celle qui sépare l'humain du divin. "Dieu est un être doué de perfections transcendantes et illimitées; sa nature est donc incompréhensible pour des esprits finis." (Berkeley, Hyl. et Phyl., 3éme dialogue) Dans la bible, le mot "crainte" désigne précisément le sentiment de l'homme mis en présence de la transcendance, de quelque chose qui le dépasse, sentiment qui le pousse à l'adoration.

Si, à une époque ancienne, les frontières immanent/transcendant, humain/divin, profane/sacré ont pu se recouvrir (La Violence et le Sacré de René Girard), elles sont aujourd'hui bien distinctes: nous renvoyons donc aux définitions religieuses les termes humain/divin, profane/sacré pour nous attacher précisément à celle qui nous occupe transcendant/immanent.

2ème remarque: cette frontière est mouvante: Comme toutes les frontières sur lesquelles se jouent le sens des termes opposés, celle-ci s'est déplacée au cours de l'histoire humaine, et elle se déplace encore selon les groupes idéologiques qui s'y réfèrent.

Dans l'article sur Gilles Deleuze, il est écrit que "sa philosophie est celle d'une immanence absolue", et dans un autre article sur l'immanentisme, il est encore écrit: "L'immanentisme, c'est le mouvement « transdescendant » (Wahl cité par Deleuze) de la philosophie, mouvement qui fait redescendre toute la transcendance (émanative, créative, religieuse) : « La part de l'immanence, ou la part du feu, c'est à cela qu'on reconnaît le philosophe »... L'immanentisme serait à l'origine d'une part importante de la science moderne. Or, l'immanentisme entre souvent en conflit avec la religion, d'où les conflits entre raison et foi."

Au travers de ces articles, nous voyons bien que le conflit a lieu sur cette frontière entre transcendance et immanence, brouillé par l'interférence avec celle qui sépare le divin et l'humain: à l'opposé de la religion, le travail des philosophes, et plus généralement des scientifiques, est de "faire redescendre toute la transcendance".

3ème remarque en forme de proposition: Dans ce conflit qui marque toute l'histoire de la pensée, apparait une distinction essentielle entre une frontière relative, c'est-à-dire qui peut être franchie, qui l'a été ou qui le sera, grâce au travail des philosophes et des scientifiques comme il vient d'être dit pas Gilles Deleuze, et une frontière absolue qui est définitivement infranchissable (ou irréversible comme celle de la mort).

La frontière relative est celle de la fameuse Caverne de Platon que les prisonniers (des apparences) sont appelés à franchir; la frontière absolue serait celle qui nous sépare de l'Au-delà absolu.

Pascal: "La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité... De tous les corps ensemble on ne saurait faire réussir une petite pensée... De tous les corps et les esprits on n'en saurait tirer un mouvement de vraie charité..." (Pascal Pensées L. 308 B. 793). Dans ce texte, la frontière relative est une distance infinie, la frontière absolue, une distance infiniment infinie. Peu importe le nom donné au transcendant, ici "charité": il est toujours l'expression d'une vision totalement subjective, la frontière étant absolument infranchissable.

Jankélévitch: "Ce que nous cherchons n'est pas seulement l'Autre-ordre du Logos, mais le Tout-autre-ordre... Si la métempirie d'éternité, d'universalité et de nécessité était le plan suprême, il n'y aurait d'autre métaphysique que gnoséologique, c'est-à-dire encore immanente et, comme dans l'apriorisme kantien, non point tant transcendante que transcendantale..." (Philosophie première Ch.II Par.1). Dans ce passage et un peu plus loin, Jankélévitch, comme Pascal, distingue bien une frontière relative, ou "choquante", entre le monde des corps perçus et celui des esprits ou de la raison: "le monde des essences et rapports intelligibles, s'il transcende le donné immédiat, ne transcende pas la pensée...", et une frontière absolue, ou "scandaleuse" entre "la pensée" et "ce qui passe la pensée et nous surpasse", parce qu'il est "impensable et contradictoire de renier les conditions axiomatiques qui rendent possible la pensée en général...".
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