du pragmatisme

la relation entre la société et la mode est la relation humaine par excellence.
d'aucuns parlent de spirale relationnelle, d'interaction, de négociation.
ces expressions tentent de décrire la relation-type qui marque toutes nos expériences humaines.
il est difficle de décréter si c'est l'oeuf qui a fait la poule ou si c'est l'inverse!
il en est de même entre la mode et la société, l'enfant et les parents, l'histoire et les hommes,
c'est ainsi que chaque jour, le monde nouveau se nourrit de l'ancien pour le renouveler.
il en ainsi pour les mots à la mode et la société qui les fabrique, les utilise et, en retour, est informée par eux.
le mot "pragmatisme" nous arrive, comme la plupart des mots actuels, des Etats-Unis.
En Europe, celle des humanistes, un proverbe s'était imposé: "il n'y a que l'intention qui compte!"
Il marchait main dans la main avec une phrase du Petit Prince "l'essentiel est invisible aux yeux!"
et emmenait l'humain dans une direction de vérité et d'intériorité, de spiritualité enfin,
l'intention étant ce qui distingue l'humain de l'animal, la liberté de l'efficacité, l'amour du conditionnement.
personne ne parlait de pragmatisme, non parce que le mot n'avait pas été inventé,
mais parce que ce qu'il recouvrait était plus ou moins consciemment considéré comme sous-humain!
Reconnaissons que, gonflé à l'extrême, ce proverbe a donné naissance aux idéologies,
ces monstres, qui n'hésitent pas à sacrifier des humains pour consacrer leurs idées.
La modernité est parvenue à les exterminer, mais emportée par son élan, elle a tué tout idéal,
et le pragmatisme est né qui risque d'emporter les hommes,
loin de l'idéalisme stérile, vers le réalisme... le plus inhumain!
Sous le règne des idéologies, les résistants se sont dressés jusqu'au martyre;
sous le règne du pragmatisme, il est grand temps que la résistance s'organise.
car si l'idéalisme conduit au sacrifice inutile,
le pragmatisme mène inéluctablement à la justification du meurtre.
Et, entre le meurtre et le sacrifice, il n'y a de différence que dans la manipulation!

C'est bien d'actualité: notre "cher" président Sarkozy, en s'en prenant à chaque discours à "la pensée unique", nous invite à trouver dans son "cher" pragmatisme importé des USA, non seulement le refus de toute idéologie, mais le rejet de toute idée différente de la sienne éclairée. Il découle en effet du pragmatisme que toute idée devient suspecte, et que tout débat d'idées est absolument à proscrire, comme tout attroupement. Ne restent plus que les décisions du prince, "pragmatiques", c'est-à-dire absolument et magiquement adaptées à la situation et au problème à résoudre.
Mais cette autre forme justifiée et officielle de "la pensée unique" est beaucoup pernicieuse que toute idéologie, puisque, précisément, elle nie l'existence et la valeur de toute idée, déclare tout idéal nul et non avenu! Elle repose sur l'idéologie sous-entendue que l'humain est un animal de consommation, sans aucun besoin de justice, d'égalité ou de fraternité, et qu'il suffit à son dirigeant suprème de lui donner du "pain et des jeux".
D'autres avant lui y avaient pensé, mais n'avaient pas eu le culot de justifier raisonnablement et moralement leur stratégie: ils proclamaient tout simplement que c'était pour leur tranquillité et leur profit personnel.